Le campus des pilotes
(Air France School)

Novembre 2016




Avant-propos :

- Aucune information ne sera donnée sur la localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.
- Ceci n'est pas un site de photographies mais d'explorations.

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Cette exploration a été réalisée conjointement avec Sébastien. Habitant à proximité de mon domicile, nous avons décidé de faire cette visite ensemble. Déjà, dans un premier temps, cela va permettre de passer le temps sur la route et puis c'est toujours agréable de partager un peu ce que l'on fait.

Nous allons donc visiter un ancien centre de formation pour le personnel d'Air France. Ce lieu de vie, car les familles pouvaient résider sur place, était en activité depuis les années 40 mais est à l'abandon depuis peu.

Après un temps de trajet considérable, nous nous garons juste à côté d'une petite résidence. L'accès ne va pas être évident. Nous n'avons sans doute pas pris le plus simple mais celui que nous avons emprunté était particulièrement coriace puisque nous avons du traverser des ronces, escalader un grillage, traverser discrètement un établissement public, grimper un mur de 2 mètres avec une échelle improvisée, éviter des barbelés et atterrir sans se casser une jambe.
C'était pour tout dire, relativement épique et si quelqu'un a pu nous apercevoir sur une caméra de surveillance, il a probablement passé un bon moment de rigolade.

Mais nous voici face à un terrain immense, une véritable ville dans la ville de presque 60 hectares où, à première vue, tous les bâtiments sont inaccessibles. À première vue seulement !


Beaucoup sont tagués. En principe, ce n'est pas très bon signe. Nous tentons à plusieurs reprises de faire le tour des nombreux bureaux que nous trouvons. Nous testons les fenêtres, les portes, regardons les accès par les égouts ou les aérations. Rien.

Si l'on ne veut pas fracturer, il semble impossible de pénétrer à l'intérieur. Nous prenons donc le parti de profiter du cadre, très verdoyant et ensoleillé en profitant d'une marche où nous nous racontons un peu nos vies respectives.

Le décor a des airs de Fallout tant tout est naturel, en ruines silencieuses et à la fois très modernes.


La visite reste malgré tout agréable et nous tentons vainement de comprendre un peu les lieux en distinguant des portails pour piétons, des routes, des places de parkings, des caméras et même des détecteurs de mouvements, qui indiquent que le lieu était gigantesque et surtout, très sécurisé.

Nous désespérons, lorsque soudain, nous réussissons à trouver un point d'accès dans un petit bâtiment.
Cela nous amène à découvrir une centrale à énergie phénoménale, qui devait alimenter l'intégralité du site. Tout est énorme et démesuré. Certaines salles, qui ne perçoivent pas la lumière du jour, comportent également de très grosses machines à fioul que je ne parviens pas à identifier.




Sur un mur, un panneau invite à limiter les nuisances sonores. Il est clair qu'un lieu comme ça doit être à la limite du supportable pour l'oreille humaine lorsqu'il est en activité.

L'escalier qui descend vers le sous-sol amène à une porte impossible à ouvrir.

Une machine avec une tête de robot semble appeler désespérément à l'aide et les tuyaux sur les côtés ressemblent à autant de bras qui s'agitent.

Nous sortons, et notre marche continue.


Plusieurs tentatives infructueuses dans les autres bâtiments lorsque nous croisons un grand hangar, fermé lui aussi. En nous approchons des vitres, nous trouvons le Saint-Graal, un simulateur de vol ! Ni une ni deux, nous testons différents moyens de rentrer dont l'un, un peu dingue, en escaladant (avec des prises faciles d'accès) le petit immeuble pour nous retrouver sur un toit en demi étage mais qui n'offre pas plus d'accès.
Chaque porte semble condamnée, chaque accès, chaque fenêtre, chaque ouverture est colmatée. Mais soudain, alors que le désespoir nous gagne et que nous commençons à nous faire à l'idée que nous n'allons pas rentrer ici, l'illumination et après un peu de bonne volonté (sans rien casser ni violenter) nous voici à l'intérieur.

Un bref passage dans les cuisines, quelques photos du plan des différents bâtiments (précieux !) et nous trouvons le simulateur de vol. Qui sera le premier d'une petite série.


Il s'agit d'un simulateur de vol d'un Airbus A300 de Thomson CSF qui est un modèle des années 70 moyen-courrier. En tant que tel, on dirait un énorme robot posé sur des vérins avec des câbles qui devaient être reliés à une salle de contrôle. Par ailleurs, dans la pièce dans laquelle on trouve le simulateur, il y a une jolie maquette de ville (d'environ 2 x 2 m) disposée à même le mur. Cela était jadis utilisé avec une caméra montée sur rail et reliée directement à l'écran du simulateur pour permettre de s’entraîner.

L'intérieur est en tout point identique à la vraie cabine d'un avion. Tout y est. Les téléphones, une télé, des micros, des manettes, et toute une série de choses que je ne sais pas déterminer. Le tableau de bord, par contre, a été totalement vidé.

Face au cockpit, des écrans qui pouvaient également afficher un environnement en trois dimensions et se superposait à la maquette. L'intérieur est ici très sombre, un rien angoissant.

Voici une comparaison avec une photo prise dans un simulateur analogue en état de fonctionnement (voir l'article en fin de page) :

Le temps de faire une trentaine de photos différentes et nous partons à la découverte du reste du bâtiment, non sans dire au revoir à cette belle machine aux airs futuristes, qui fête ses 40 ans.

Nous passons rapidement dans plusieurs salles, que ce soit le réfectoire, les toilettes, ou encore une salle de cours qui possède, sur un grand poster, une copie du tableau de bord et une affiche qui comporte un avion qui s'écrase avec la consigne "Pilotes, n'oubliez pas le V1". Des diapos sont aussi sur place.

Nous notons qu'aux toilettes, il y a une très belle odeur et surtout que l'on peut retrouver les mêmes sèches mains que partout en France (sauf Ikéa).

Le reste étant plutôt vide et sans trop d'intérêt, direction une autre sale qui va comprendre, elle, trois simulateurs ! Un de 747 et deux autres qui ont l'air plus génériques. D'ailleurs, en parlant de ces deux simulateurs génériques, très étrangement, ils sont tagués et assez détériorés. Étaient-ils ici à l'origine ? C'est étrange car ce sont quasiment les seuls tags que l'on peut trouver à l'intérieur.

La cabine du 747 est dans une structure similaire à celle de l'A300, qui plonge le pilote dans le noir complet. Ici aussi, le tableau a été démonté

Sur les côtés, on retrouve un certain nombre de machines totalement ésotériques avec des tas et des tas d'indicateurs, des disques, des miroirs ou du papier. Une machine ENCORE, IPL 7E50 synthétise bien toute cette complexité et me donne l'impression d'être un homme de Cro-Magnon en train de voir une éclipse pour la première fois de sa vie.

Toutefois, grâce à Sylvain B., un lecteur de mon site, je peux vous apporter ces informations. En haut, vous avez les cartes mères et en bas, les baies d'équipement. Les voyants rouges permettent d'afficher une anomalie avec le nom de la partie qui pose problème. Il y a également un compartiment à fusibles et le bouton rouge est l'arrêt d'urgence en énergie. La clef sert bien entendue à allumer ou éteindre le tout, qui active donc de ce fait le poste de pilotage pour que le pilote puisse commencer sa check-list.

Je ne comprends pas ce que je vois, mais cette machine digne d'une film d'anticipation a quelque chose de très poétique.
Rez-de-chaussée à nouveau. Avec, au menu, une salle qui devait servir à donner des cours sur la réparation des avions. Là encore, une machine étrange et charmante qui permettait de contrôler un crochet de grue au plafond.

Tout aussi charmante que ce tableau qui servait à entreposer les outils à la taille démesurée ! Pour information les clefs du milieu sont aussi grandes que mon bras.

Un petit bureau, totalement vide possède une rose factice accrochée au mur, avec une date, 1981. Très mystérieux mais totalement photogénique et je verrai bien cela sur la pochette d'un disque. Comme me le souligne Guillaume, un ami (oui, on s'appelle tous pareil), il s'agit peut être d'une référence à Mitterrand.

Direction les caves qui nous permettent de découvrir qu'il y a des sous terrains. Nous décidons de les emprunter. Bas de plafonds, ils nous obligent à marcher totalement recroquevillés, de quoi nous bousiller le dos pour les quelques jours à venir. Nous suivons principalement de gros tuyaux. Il y aussi quelques cuves à fioul, ça et là.

Après une très longue marche, nous voyons une porte et lorsque nous l'ouvrons, retour à la salle des machines, le premier bâtiment que ne avons pu visiter ! Nous avons du faire environ une centaine de mètres dans le sous terrain. Dingue.

Après cela, il va être plus difficile de trouver de quoi susciter un intérêt. Un petit passage sur les toits s'impose et cela nous permet d'avoir une très belle vue sur tout le parc. Un avion décolle au loin. Amusant. Je me prends à penser que le pilote a peut être été formé au sein du lieu dans lequel je suis.

En continuant la visite, nous arrivons à rentrer dans le réfectoire. Dans un état plus relatif car bien tagué (et avec des balles à blanc au sol) il permet de voir comment se déroulait la vie dans ce lieu d'exception.


Les cuisines sont relativement spacieuses, tout comme les chambres froides et la plonge, qui pour le coup, semblait quasi automatisée avec ses grands tapis roulants.

Nous n'arriverons pas à rentre dans la partie campus, composée principalement d'Algecos.


Pour finir, nous passons par l'espace sportif avec de nombreux terrains de tennis abandonnés (et recouverts par les ronces), une cabane de jardin, un vestiaire et un étang.




Heureusement, ils ont pensé à tout.

Après quasiment 3 heures sur le site, nous repartons. Bien satisfaits pour ce passage dans un lieu qui n'est totalement accessible qu'à une infime minorité et qui permet, le temps d'une après-midi, d'avoir à nouveaux des yeux d'enfants.

Merci à Sébastien pour m'avoir accompagné lors de cette excursion et à souligner que la sortie a été aussi périlleuse et loufoque que l'entrée. Sa compagnie a été très agréable et m'a amené à faire une chouette rencontre.

Si la thématique des simulateurs de vols vous intéresse, je vous recommande l'excellent article du Magazine Tilt que l'on peut retrouver en ligne ici.

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