Le château Brennus

Novembre 2017



Avant-propos :

- Aucune information ne sera donnée sur la localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.
- Ceci n'est pas un site de photographies mais de visites de lieux abandonnés.

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Exceptionnellement, ce compte rendu sera divisé en deux parties. La raison est simple, le parc de ce château est au moins aussi intéressant et complet que son intérieur. Mieux, il y a même quelques souterrains cachés un peu partout, c'est donc presque trois visites en une ! Et une autre raison moins avouable, il m'a fallu plusieurs visites et plusieurs tentatives pour réussir à rentrer à l'intérieur. L'accès est compliqué, périlleux et se mérite. Mais une fois dedans, c'est une véritable caverne d'Ali Baba.


Partie 1 : Je gare ma voiture à quelques centaines de mètres de ce château que j'ai repéré depuis quelques semaines déjà. Très peu d'informations sur son histoire. J'ai même de gros doutes sur les maigres trucs que l'on peut lire sur internet à son sujet. Il daterait du moyen âge et aurait, au cours de son vécu, appartenu à un membre de la famille Royale de l'époque. Aujourd'hui à l'abandon, il demeure néanmoins très sécurisé et nécessite de nombreuses acrobaties pour y pénétrer. Mais au cours de ma dernière visite, j'ai pu en apprendre un peu plus sur son passé. À voir en fin de page !

Avant de voir l'intérieur, je suis surpris, d'emblée, par le nombre de voitures situées dans les jardins du château. C'est simple, il y en a une vingtaine, sans compter la caravane et même un petit bateau. Je ne vais pas toutes les prendre en photo (et surtout, toutes les mettre ici) mais on a malgré tout de belles pièces d'antiquités (quoique la plus belle, est, forcément, encore à l'intérieur du château comme vous le verrez très prochainement).

Le seul inconvénient, et cela sera d'autant plus le cas lors des différentes tentatives d'accès au bâtiment, est la présence de ronces sur presque tout le domaine. C'est bien simple : c'est une plaie d'avancer ici. J'y ai laissé un jean, une doudoune, mes doigts, un sac et un bout d'une veste en cuire (du faux, probablement, mais quand même). C'est ce qui m'a motivé à donner le nom de Brennus au lieu car j'ai fini par me servir d'un outil fidèle à tout bon explorateur qui se respecte comme d'un bouclier afin de pouvoir limiter un peu la casse. J'avais sans doute l'air assez peu inspiré mais mon imagination rendait le tout plus acceptable.

On commence donc par les voitures.

Comme à mon habitude, je n'y connais rien du tout en bagnoles, pire je m'en contrefiche et je n'arrive pas à y trouver d'intérêt. C'est donc avec l'aide plusieurs contacts que je peux vous dire ce que j'ai pris en photo. Sur cette photo on peut voir une Renault Talbot, une Renault 9GTL et une Daimler qui figure également en logo de ce compte rendu.



Ici, probablement une Audi des années 72 (A80 visiblement).




Pas d'idée précise mais pour le coup on dirait des 2 chevaux :





J'ai un peu de mal à m'imaginer comment cela est possible. Qui est arrivé en premier ? L'arbre ? La voiture ? Depuis combien de temps ?



Une Alfa Roméo Sprint Balloco :



Et ces véhicules dont les modèles ne me parlent pas forcément, visiblement, la première est une Renault Juvaquatre et pour la seconde, je penche pour une traction avant de chez Citroën. À noter qu'il n'est pas évident de faire des photos dans les garages car, d'une part, le sol est parsemé de bricoles et surtout, il n'est pas stable, ainsi, à plusieurs reprises, des trous se sont crées et dévoilent, quelques mètres en dessous, les restes d'anciennes étables.





Mais, c'est l'intérieur qui possède le plus beau.

Comme dit plus haut, l'accès à ce lieu n'est pas une sinécure. Le rez-de-chaussée est entièrement fermé et protégé par des grilles décoratives métalliques et les accès à l'étage se font de manière périlleuse. Et surtout, surtout... ces ronces qui parsèment l'intégralité du terrain sont une vraie plaie. Il y a, en outre, des bouts de fils barbelés qui sont cachés un peu partout. Mes jambes s'en souviennent encore. L'exploration se fait parfois dans le sang, la rage et les larmes.


Première tentative lors de ma première visite. J'aperçois une ouverture possible. Je grimpe à main nue à la fenêtre du premier étage en m'aidant de quelques rondins de bois et parpaings un peu partout. J'ai l'impression d'être dans un jeu de stratégie où je dois réussir à assembler des éléments pour pénétrer au niveau suivant.

Trêve de suspens, au moment où je mets le pied dessus, je m'écroule lamentablement dans un vacarme assourdissant. Je décide donc de tout remettre scrupuleusement à la même place afin de ne pas éveiller les soupçons sur une éventuelle venue.

Deuxième visite. Je suis bien mieux équipé et j'arrive à pénétrer, presque entièrement, dans une pièce. Presque entièrement ? Oui, presque. L'accès que j'ai repéré est tout petit. Normalement, comme je suis assez fin, j'arrive à me faufiler partout. Mais pas cette fois-ci, je n'ai pu glisser que le haut de mon corps. Je suis resté coincé au niveau du buste. Impossible de passer, même avec toutes les contorsions du monde ! Je vous laisse imaginer la scène de débilité absolue : être coincé à l'étage d'une fenêtre d'un château abandonné avec les jambes qui pendent dehors dans le vide.

Bref, j'ai pu constater l'état d'abandon avancé de cette salle de bain et du magnifique salon attenant. Pire, tout est meublé ! Mais une chose est sûre, personne n'habite ici. Le plafond s'écroule, les toiles d'araignées sont énormes et il y a du bazar un peu partout.

Il faudra une troisième visite, et un autre accès afin de pouvoir prendre le tout en photo. Et il y a de vraies beautés à l'intérieur et des objets on ne peut plus cool. Jugez plutôt :



Une. Putain. De. Borne. D’arcade. Je nage en plein rêve. Le pire ? Il y en a plusieurs ! Je me fout complètement de la moto qui est à côté et je fixe cette beauté de Spécial Criminal Investigation par Taïto. Autant je déteste les consoles au dessus de 32 bits, autant je suis dingue de tout ce qu'il y a avant. J'ai une nette préférence pour Sega et c'est cette passion qui m'a amenée à construire ma propre borne d'arcade chez moi. Mais je dois avouer qu'elle fait un peu peine à voir face à une vraie borne comme celle-ci.


Partie 2 :

Il m'aura fallu trois visites pour pouvoir rentrer dans ce lieu et malheureusement, à chaque visite, j'ai vu ce château se dégrader, notamment à travers des carreaux cassés. Ce n'est pas forcément bon signe, mais j'ai malgré tout bon espoir : l'accès est tellement galère que l'intérieur devrait être protégé encore un peu de temps.

Toutefois, même si le lieu est relativement isolé géographiquement, les quelques voitures qui passent sur cette petite route de campagne sont alertes. Je suis garé relativement loin mais tout le monde me dévisage alors que je m'approche du château, et je ne suis pas au bout de mes surprises...

Je commence à prendre le coup de main et j'accède au château par cette petite sale de bain reconvertie en débarras. C'est un peu particulier, on y trouve de tout sauf de quoi se doucher. Je décide de procéder méthodiquement et de commencer la visite par le rez-de-chaussée pour être certain de ne rien manquer. Bien mal m'en a pris, vous verrez pourquoi. Une petite porte bleue, qui possède une ouverture (?) sépare cette pièce d'eau d'un beau salon vert. À l'intérieur, on y trouve un beau bazar : des tableaux, des fringues, une TV, un vélo d'appartement et des bouquins. Le lieu a l'air fatigué. Tout est poussiéreux, malodorant avec, malgré tout, quelques traces de passages de ci de là (vous verrez pourquoi par la suite) qui viennent troubler la lente décadence de ce salon jadis joliment ouvragé.

Je sors de la pièce et me dirige vers l'escalier en colimaçon qui ne tient pas debout. C'est assez scabreux et fait vraiment de la peine.

Je commence les photos au garage. Le temps d'immortaliser une belle Ford Mustang rouge que j'entends du bruit venant de l'extérieur. Une voiture s’arrête, je jette un œil par une petite ouverture grillagée. Une jeune femme s'approche tranquillement tout en remarquant une présence à l'intérieur de la bâtisse.

Ce n'est jamais agréable, mais dans le doute, je préfère sortir et me présenter à cette personne. Quelques cabrioles et me voici face à elle. Je viens de me faire griller par la factrice...

Surprise, elle me demande ce que je fais là. Je décide d'être totalement transparent et lui dit que j'ai remarqué ce lieu un peu ravagé et et que j'ai décidé de l'immortaliser en photos. Voici une retranscription grosso modo fidèle de cet échange qui fut finalement très riche en informations :

Factrice : Ah, vous avez vu la traction avant avec l'arbre dedans, non ?
Guillaume : Oui voilà, ça m'a interpellé, du coup j'ai voulu faire un petit détour car je passe souvent devant ce château depuis des années (ce qui est véridique, mes grands parents habitaient par là).
Factrice : Ah ouais et vous êtes venu avec le trépied et tout ça ! Ça fait de belles photos insolites par ici ! Vous savez à qui il appartenait ?
G : À monsieur ******** ?
F : - Me reprenant sur la prononciation - : Lui c'est son fils, mais à l'origine le château appartenait à son père, un médecin connu dans la région. C'était une vraie mine d'or, il connaissait tout le monde et toute l'histoire du coin. D'ailleurs, vous êtes du coin vous aussi ? Je l'ai vu à votre plaque d'immatriculation, si c'est bien vous qui êtes garé en bas de la rue (très observatrice la factrice, comme quoi, il faut toujours être vigilant sur le lieu de stationnement du véhicule même au milieu de nulle-part. Elle m'a remarqué même à quelques centaines de mètres du château. Par ailleurs, j'étais avec la voiture d'un proche d'où l'immatriculation locale).
G : Oui mais je ne connaissais pas du tout son histoire.
F : Et donc en fait, le fils du propriétaire a hérité du château de la famille. Toutefois, contrairement à son père, il a fait des choix de vie plus hasardeux et était vaguement agriculteur. Le château est rapidement tombé en décrépitude car rien n'était entretenu et l'agent partait autre part. Et vous savez quoi ? Son père collectionnait les voitures, il avait même un Ford Mustang rouge, je ne sais pas si son fils a pu la conserver.
G - Assez amusé par le fait qu'elle mentionne la Mustang et feignant de ne pas savoir de quoi elle parle - : J'ai effectivement vu dans le parc qu'il avait pas mal de beaux véhicules !
F : Pour revenir à ce que je vous disais, le château est devenu de plus en plus négligé. Je suis rentrée à plusieurs reprises à l'intérieur et ça fait vraiment de la peine. Il était divisé en deux appartements. Mais depuis quelques années la famille n'a plus le droit d'habiter à l'intérieur car il est considéré comme insalubre.
G : Oui, j'ai vu que les fenêtres étaient quasiment toutes cassées à l'étage. C'est vraiment triste de voir ce beau château tomber en ruine.
F : Vous êtes passé par le jardin derrière ? C'est une vraie jungle ! C'est encore pire que cette façade.
G : Honnêtement, oui, j'ai fait le tour pour prendre quelques photos.
F : Et, sans le sou, la famille a dû déménager dans un petit appartement à * la grande ville voisine * mais comme il n'était pas très sérieux le château continuait à s'écrouler. Le pauvre homme est mort en début du mois (j'ai vérifié par la suite sur internet, et c'est vrai). À l'intérieur il y a des barres de maintien dans plusieurs pièces et des étaux pour fixer l'escalier en colimaçon. C'est vraiment bricolé à la petite semaine, ça ne tiendra pas. D'ailleurs, ça vous dit pas d’acheter ce château ?
G : Ahah, si j'avais les sous pourquoi pas mais là...
F : Puis y en a pour plusieurs millions. Il faut tout refaire : la toiture, toutes les ouvertures, le sol et le plafond. Les petits enfants passent de temps en temps pour ranger des choses à l'intérieur mais je sais pas comment ils font s'en sortir pour le partage. Bon allez, moi, il faut que je continue ma tournée.


Nous nous quittons ici. Je suis agréablement surpris de son intérêt pour ma démarche et son ouverture à la discussion, c'est aussi intéressant de voir qu'elle était complètement désolée de l'état de délabrement de cette habitation. Comme quoi, un château est bien plus qu'un logement, c'est une partie de l'histoire d'un lieu et de ses habitants.

Comme vous l'aurez compris, ce n'est pas cette fois-ci que je vais mettre des photos de l'intérieur. Il est fortement probable que j'y retourne pour immortaliser une dernière fois l'intérieur. Il y aura donc une partie 3 !

En attendant, je vous mets la photo de la Ford Mustang pile au moment où la factrice a pu me voir :

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